Abondance d'eau, présence de la rivière de la Lys sont autant d'occasions de noyades. Il faut alors procéder à l'écouage qui consiste en une enquête sur les raisons de la mort avant de remettre le cadavre à la famille pour peu qu'on la retrouve car la rivière peut charrier un corps un moment avant qu'il ne soit découvert.
A noter que parfois on précise que le défunt a les pieds dans l'eau mais à été tiré sur la berge. Pratique qui peut nous paraître peu sanitaire mais qui indique de quel ressort le mort dépend. Noyé dans la Lys mais tiré sur la berge dans une autre seigneurie, on montre ainsi que le seigneur de la rivière (le baron de Comines) est bien en droit de faire instrumenter ses officiers bien que le corps repose principalement sur la terre d'une seigneurie qui ne lui appartient pas.
Une autre indication peut nous surprendre : celle d'une autorisation d'inhumer en terre sainte, autrement dit au cimetière, en terre consacrée, bénie. C'est tout simplement que les suicidés n'y ont pas droit.
A.C.Comines FF82 acte 92 - DSCF0590 -24-25/11/1693
Sur le rapport fait aux hommes de fief de la cour féodale et château de Comines par Jean THEVELIN fils de feu Antoine qu'aujourd'hui mardi, sur les 5h après midi, s'est présenté un homme vêtu d'un justaucorps et haute chausse de toile grise chargé d'un pacq sur le dos, accompagné d'une femme ou fille ayant une faille sur la tête (sic). Lesquels lui ont demandé "Fais-nous le plaisir de nous faire passer avec vôtre bateau pour Dieu". Sur quoi il répondit qu'on n'y passait pas, que ce n'était pas un passage. Et après encore diverses prières, les a laissé passer par la porte de la cense où il demeure et les a conduits jusqu'au bateau avec lequel il les a fait passer le rousleau (ruisseau) appelé Gaykens Becque et ensuite enseigné une planche mise sur une échelle là où les autres gens à pied passaient pour aller vers Comines. Ledit THEVELIN voyant prendre leur chemin, il a nettoyé son bateau et, un moment après, regardant vers ledit Comines pour voir s'ils prenaient la route qu'il les avait enseignés, il n'a plus aperçu personne. Et sitôt accouru vers ladite planche pour voir ce qu'ils étaient devenus, et y arrivant, il a vu ledit homme avec le pacq sur son dos flotter sur l'eau et n'y pouvant parvenir pour l'assister, il retourne sur ses pas vers ladite cense où il a pris l'échelle avec un (hay - rayé) hez de batelier assisté d'un valet et de la servante, ont couru et passé ledit fossé où ils étaient tombés dedans. Lesquels l'ont encore une fois aperçu ledit homme et le tirer à bord sur la prairie. Lesquels apercevant que ledit homme était niez (sic), ledit THEVELIN nous est venu donner avis.
Le cadavre a été saisi avec le pacq et fut établi garde Lambert MACHON, sergent de Comines assisté de deux compagnons, en ayant informé le magistrat d'Armentières et autres lieux circonvoisins.
Antoine DE COONNE fils de feu Antoine, âgé de 68 ans demeurant à Armentières, accompagné de Jean Baptiste LABOURSE fils de feu Antoine, âgé de 60 ans, sergent à Armentières garni d'une lettre de messieurs du magistrat d'Armentières contenant que ledit homme est le neveu de Gilles ROSE, pauvre manouvrier et la femme dont il était accompagné se pourrait être la fille d'Abraham MALENGIER (Lettre du magistrat d'Armentières photo 592).
Un inventaire du sac est fait. Lesdits DE COONNE et LABOURSE ont dit bien connaître le cadavre, qu'il s'agissait de Gilles ROSE âgé d'environ 32 ans demeurant à Armentières, n'imputant sa mort à personne, requérant l'écouage et la terre sainte. Après examen du rapport des médecins c'est accordé.
A.C.Comines FF82 acte 93 - DSCF0591 - 25/11/1693
Attestation par le chirurgien juré de Comines Etienne DUBREUCQ, accompagné de Paul PASTOR maître chirurgien appelés en l'absence du médecin par messieurs du magistrat de Comines pour visiter le corps mort de Gilles ROSE sur la prairie occupée par la veuve Jérôme DE HEM. Le cadavre avait les pieds dans l'eau, vêtu d'un habit de toile grises avec un pacq sur le dos. N'ayant trouvé aucune blessure ni meurtrissure sur son corps enflé et l'écume à la bouche et le point serré. Jugeant qu'il a été suffoqué de l'eau.
A.C.Comines FF82 acte 94 - DSCF0593 - 25/11/1693
Inventaire des marchandises trouvées dans le pacq que Gilles ROSE Avait sur son dos : deux demies pièces de rattine brun, une demie pièce d'estamette de couleur feu, un petit sac de gallant ou passement noir, un tablier bleu, une serviette.
Robert CARYON fils de feu Michel, bourgeois marchand de Comines se porte caution pour Abraham MALLANGIER (signe MALLINGIER) d'Armentières pour la levée de la marchandise reprise au présent inventaire.
A.C.Comines FF82 acte 95 - DSCF0596 - 26/11/1693
Suite à la recherche par Pasquier COUTTER, Guillaume PRUDHOMME et consorts à la requête d'Antoine DE COONNE, on a retrouvé entre 9 et 10h ce matin le corps d'une femme noyée. Le magistrat s'y étant rendu a trouvé le cadavre vêtu d'une coiffe de toile blanche, un gratoy dans la tête, un corset de saye brun, une jupe brune et une jupe bleue avec des bas gris garnis d'un ceinturon rempli d'argent dont ils ont fait inventaire. Ledit DE COONNE a dit reconnaître Marie Jacqueline sa fille, femme d'Abraham MALENGIER et n'impute la mort à personne. Il fut accorder de lever le cadavre et terre sainte. Lui ne sachant ni lire ni écrire.
Lesdits chirurgiens DU BREUCQ et PASTEUR (sic) ont visité le cadavre qu'ils ont jugé être noyé.
A.C.Comines FF82 acte 96 - DSCF0597 - 28/11/1693
Devant le magistrat d'Armentières Abraham MALENGIER y demeurant affirme que les espèces d'argent dont était garnie feue Marie Jacqueline DE COONNE sa femme retrouvée noyée lui appartiennent ainsi que la marchandise que portait ledit Gilles ROSE.
Inventaire des espèces d'argent récupérées par ledit CARTON audit nom.
Attestation desdits médecins, la défunte est nommée Marie Jacqueline DE CORNE.
A.C.Comines FF82 acte 59 - DSCF0529 - 07/01/1693
Sur le rapport au bailli et échevins de Comines par Guillaume LEGRAND que Martin LEGRAND son frère venant ce soir entre 7 et 8h avec une charge sur la barque de Wervicq et amenant au grand pont de ce lieu pour tacher de passer à l'assistance de Georges CARPENTIER le même bateau côtoyant toujours le bord ou les murailles abordant la Lys, et la véhémence du coulant d'eau les obligeant de quitter le bord, et qu'ils seroient d'abord jeté dans le grand courant au grand passage du pont, auroient été renversés, jetés dans le même courant, dont ledit CARPENTIER en seroit échappé en agrippant un pilier du pont et ledit Martin LEGRAND étant jeté dans le grand coulant (sic) y seroit submergé et été trouvé peu après dans les filets des anguilles par Betreumieux LESPINOY et Gilles MESSEAN, fermiers de la pèche de ce lieu, qui l'ont conduit de leur bateau jusqu'à l'abreuvoir. Nous requérant qu'il nous plût de nous y transporter pour procéder à l'escavage dudit corps et être ensuite accordé la levée d'icelui et la terre sainte. Après interrogatoire des différentes parties elles déclarent tout ceci être véritable.
Sr et maître François COUPPE, médecin de Comines et Paul PASTEUR, maître chirurgien sont allés visiter le cadavre n'y ayant trouvé ni blessure ni meurtrissure mais étant tout enflé d'eau avec de l'écume dans la bouche d'où ils ont jugé qu'il a été suffoqué d'eau. En raison de quoi la levée du corps est autorisée et la terre sainte.